-308 Affres de la page blanche
Je ne suis pas certain qu'il s'agisse d'une véritable peur, mais la page reste blanche et mon roman n'avance pas. Chaque fois en effet remontent et submergent les mêmes questions qui me paralysent : pourquoi et pour qui écrire? S'il s'agit seulement de m'occuper, mes journées sont déjà pleines de pérégrinations dont je remplis ce blog, et que seule une poignée de personnes prend plaisir à lire régulièrement. Il y a certes, à la base de tout cela le plaisir de partager ce que je vois et ce que j'aime, mais si peu de gens sont intéressés par la vraie vie rapportée ici, il n'y a pas de raison qu'ils le soient davantage par une fiction racontée dans un livre. Et si l'on accuse la trop grande abondance de blog, il n'y a pas moins de livres publiés chaque année, ni moins d'infructueuses tentatives. Au moment d'écrire il y a donc toujours ces doutes et ces voix ; on se demande alors si le temps passé à écrire, et un roman n'est pas une mince affaire, n'eût pas mieux été utilisé à vivre... et on pose son crayon. Car tous les apprentis écrivains vous le répèteront, un manuscrit au fond d'un tiroir c'est de l'incomplétude et de la frustration, quoi qu'on en dise pour se consoler. Les amis les plus proches m'encouragent, m'assurent de la réussite de mon entreprise et donc de ma valeur, mais je suis au fond comme ce Dragon Rouge Arowana (Scloropages formosus) d'un mètre de long, photographié à la gare de Taipei, qui n'en finit pas d'explorer son bocal, oublieux néanmoins qu'il puisse valoir sur le marché des amateurs plusieurs milliers d'euros...